06 novembre, 2014

"L'Enregistré"



C'est une bonne idée. Une idée excellente de mettre à disposition des documents rares où l'on voit, où l'on entend Christophe Tarkos lisant, disant, improvisant ou ne pipant mot. C'est important. Christophe Tarkos est important. On peut donc remercier tous ceux qui ont permis cette publication. C'est documenté, précis, rigoureux, intéressant, émouvant, poignant, jubilant…




Il n'y a pas à (re)dire. Quoique.


  On aurait aimé que cette excellente idée fut mieux réalisée. Que cet objet livre qui veut présenter les images et les sons d'un poète en action soit mieux pensé et mieux conçu. Qu'il prenne plus de risques, qu'il soit à l'image de son sujet, plus expérimental et ouvre des possibles pour inventer une manière de présenter et diffuser ces matériaux fragiles, éphémères et miraculeux qui sont devenus un corpus essentiel de la littérature contemporaine. On aurait aimé qu'à ce prix-là, POL créée un objet ou s'associe à un expert en contenus audiovisuels pour élaborer un coffret Tarkos digne de ce nom.

L'avant-propos du livre était presque prometteur  : "le papier n'est qu'un complément." Qu'en est-il en réalité ? À la périphérie des 512 pages de retranscription et d'annexes sont donc joints un CD et un DVD dans des pochettes transparentes collées (mal) sur les rabats intérieurs. Après deux extractions, une pochette s'est déjà détachée. Lorsqu'on insère le CD dans un lecteur, on obtient une liste de pistes mystères de 1 à 19... Les titres ne sont pas indiqués et malheureusement, pas la peine de chercher un tracklisting dans le livre, il n'y en a pas. Bref, cet objet censé présenter une certaine modernité aurait pu être fait il y a 25 ans.

D'emblée, pourquoi proposer ces documents rares sur un CD et un DVD à l'heure où les lecteurs de ces supports en voie de disparition ne sont même plus installés sur les ordinateurs ? Pourquoi n'avoir pas préféré une clé USB ou une carte mémoire ? Pourquoi pas un simple lien de téléchargement ou de lecture en streaming sur un site dédié ? Est-ce la crainte de voir le contenu s'échanger trop facilement ? Est-ce le besoin de justifier en apparence les 39 euros que coûte l'objet ?

  Au pays de Baudelaire, d'Artaud et de Tarkos, les avant-gardes poétiques devraient toujours bénéficier des meilleures technologies pour diffuser leurs œuvres. Oui, il serait normal que des ingénieurs, des designers se préoccupent de concevoir les meilleurs systèmes de diffusion des voix et des formes de la poésie contemporaine. Oui, il serait normal que des politiques publiques s'en préoccupent aussi.

  En réalité, la situation est assez préoccupante, voire catastrophique si l'on songe aux archives. Depuis des années, les poètes qui choisissent la scène pour présenter leurs œuvres lors de performances ou de lectures sont souvent contraints de le faire dans des conditions techniques approximatives, voire déplorables, voire scandaleuses : micro et sono hors d'âge, absence de techniciens qualifiés, etc. Idem pour la captation censée garder une trace de ces performances : quand elle existe, elle est souvent faite de manière sommaire avec un matériel inadéquat.

Cela contribue probablement à maintenir cette scène artistique exigeante dans une zone alternative peu flatteuse qui fait sans doute fuir des publics à même d'y trouver de l'intérêt. Autre conséquence de ces conditions techniques hasardeuses, les archives audiovisuelles de la poésie contemporaine des 20 dernières années, hormis de rares exceptions, sont de piètre qualité et elles sont de surcroît, en train de se dégrader inexorablement dans des cartons, devenues illisibles à cause de leur format obsolète ou de leur démagnétisation.

(Il est saisissant de réaliser que l'essentiel des documents de "L'Enregistré" sont techniquement et objectivement de moins bonne qualité que bon nombre de pièces enregistrées par Bernard Heidsieck 30 ans plus tôt...)

  Pourquoi les poètes sont-il si souvent condamnés à intervenir dans des conditions techniques si peu satisfaisantes ? Affaire d'économie, de priorité et d'habitude. Nul ne semble vouloir se préoccuper vraiment de cet aspect des choses pourtant crucial depuis que la poésie s'est échappée du livre pour rejoindre courageusement la scène. À chaque fois, c'est la même histoire : il faut faire avec les moyens du bord, ne pas être trop exigeant avec les bonnes volontés. Et comme en plus, il y a peu de public, que c'est en général un public d'amis ou de passionnés, il a tendance à pardonner docilement les aléas techniques, etc.

On peut espérer que, de plus en plus au fait des questions techniques et produisant de plus en plus leurs performances, les poètes eux-mêmes finiront par avoir raison des vieilles habitudes et des vieux systèmes, mais aussi de certaines postures qui consistent à redouter une professionnalisation de la performance, quand il s'agit simplement de trouver les meilleures conditions pour la diffuser au public et en garder la trace.

  On devine aisément que réunir l'ensemble qui constitue "L'Enregistré" n'a pas été une mince affaire. Il faut saluer la rigueur de ce travail et son intérêt indéniable, mais je déplore que la forme de l'objet final soit si peu originale et si peu pratique, laissant craindre qu'il ne voyagera pas au-delà du cercle des initiés, alors que — et j'ai pu le vérifier chaque fois que je l'ai fait découvrir à des scolaires, collégiens ou lycéens — l'œuvre de Christophe Tarkos est hautement magnétique et contagieuse.
Au moins, la publication de "L'Enregistré" aura-t-elle entraîné la collecte et la numérisation de documents précieux qui sans cela, auraient sans doute continuer à se dégrader, jusqu'à désintégration totale de la pâte-mot.

28 mars, 2008

CHATEAU GONZO, 20 HEURES, LES TITRES...

Chateau Gonzo réouvre ses colonnes à parution capricieuse, pour vous faire partager les coulisses d'une aventure aussi extravagante que rocambolesque : la sortie du nouvel album de TANGER...

Grâce à un envoyé spécial à même la peau de l'un des membres du groupe, CHATEAU GONZO vous donne l'occasion unique de vivre au plus près du groupe au gré des étapes de promotion : des premières interviews jusqu'au démarrage de la tournée en passant par les directs à la radio et les live à la télé...

Après 4 albums salués par la critique mais aussi quatre années d'absence, comment TANGER va-t-il négocier ce retour ? Comment la critique va-t-elle accueillir ce nouvel opus ? Le succès sera-t-il au rendez-vous ? TANGER passera-t-il à la télé avant 2 heures du mat' ? Les gars devront-ils faire des compromis ? Quelles couleuvres devront-il avaler ? TANGER vendra-t-il son âme au diable ? Survivra-t-il à cette épreuve ?

Vous saurez (presque) tout :
les joies, les peines, les angoisses, les attentes, les déceptions, les surprises...
L'envers du décor de la sortie
du nouvel album de TANGER
c'est sur CHATEAU GONZO.




L'album s'appelle donc "IL EST TOUJOURS 20 HEURES DANS LE MONDE MODERNE", il sortira le 14 avril prochain sur le label Motors. Il comporte 10 titres, voici le tracklisting :

1 - Le Cyclotron
2 - Roulette Russe et Poing Américain
3 - La Fée De La Forêt
4 - Il y a Un Ange
5 - L'Homme Statue
6 - Sur La Banquise
7 - Météorites
8 - Parti Chercher des Cigarettes
9 - Time Tunnel
10 - Le Bon Usage Du Vent

Vous pouvez d'ores et déjà réserver l'album ici et découvrir le clip du 1er single

23 novembre, 2006

TANGER sur Myspace

TANGER a désormais une page sur Myspace ici

18 novembre, 2006

NÉGOCIATION DES REPRISES



Série de répétitions pour le concert. Setlist en cours de construction : une dizaine de titres pris dans chacun des albums, les piliers du nouveau LP, 2 ou 3 pièces instrumentales créées pour l'occasion et une reprise inédite...
L'équipe est constituée : nous serons à priori quatre sur scène. Renaud "Le Maestro" Pion espéré un temps pour venir souffler sur les braises avec les calibres habituels (sax ténor, clarinette turque, clarinette basse) étant ce soir-là, en séance à Radio-France pour son album.

Ça fait du bien de quitter un peu le laboratoire du nouvel album pour se retrouver autour du répertoire, à chercher des versions, des nouveaux arrangements pour des chansons dont certaines ont plus de dix ans maintenant.
C'est un des aspects les plus passionnants du songwriting : en tant qu'objet réinterprétable indéfiniment, une chanson n'est jamais finie. Quand bien même on peut la réduire à un texte et une mélodie, en fixer une version au moment de mettre un terme à sa production, on ne peut jamais dire qu'elle est finie. Ce serait comme dire d'un paysage qu'il est fini après l'avoir pris en photo.

Dès les premiers mouvements de l'aventure TANGER, chaque chanson a été considérée comme un work in progress. J'ai toujours espéré en sourdine avoir l'opportunité de pouvoir recréer les albums. Quel kif ça serait par exemple de remanier intégralement "La mémoire insoluble" !

Il faudrait savoir dans une vie ne faire qu'un seul disque, un seul livre, un seul film etc... et considérer le reste comme des documents d'approche. Quitte à réinterpréter, réécrire, remanier indéfiniment. En littérature, Gilbert Lely est un modèle du genre avec "Ma Civilisation" : même si cet ensemble de poèmes n'est pas son seul ouvrage - c'est aussi, notamment, le biographe éclairé du divin Marquis -, il constitue vraiment son œuvre maîtresse. Depuis la première version de 1942 (dactylographiée à quelques exemplaires) , et celle définitive de 1967, six remaniements auront été publiés.

02 novembre, 2006

TANGER LIVE @ PARIS !


mardi 5 décembre - 20h30 - Glaz'Art

Festival "Meeting people is easy" avec TV Lumière, Rothko, Yellow 6, Teamforest...

22 octobre, 2006

BARFLEUR - "White Panther RmX" by Kid Loco

TANGER on stage, 2000-2006

21 septembre, 2006

FLESH

Découvert grâce au Mensomadaire (C+), ce film de Édouard Salier m'a beaucoup impressionné. À ma connaissance le meilleur film post 11 septembre. En voici une version qui ne rend pas justice aux soins apportées à l'image (35mm) et au son (Doctor L aux manettes), mais qui donne malgré tout une idée de l'intensité du propos et du travail de production. À voir donc dès que possible en grandeur nature.